Depuis 10 ans, Hout Info Bois et l’Office économique wallon du bois dressent les tendances et les évolutions du secteur de la construction bois en Belgique dans une enquête bisannuelle. La nouvelle édition vient de sortir et le moins que l’on puisse dire est que la construction en bois a considérablement gagné du terrain en Belgique. Voici les principales conclusions.
10 statistiques clés
- Depuis 10 ans, le nombre d’entreprises de construction en bois n’a cessé de croître.
- Le profil des entreprises reste majoritairement des TPME.
- 60% des entreprises réalisent moins de 10 bâtiments par an.
- Et pourtant, à peine 15% des entreprises réalisent plus de 50 constructions par an, mais ces sociétés représentent plus de 60% du marché belge de la construction en bois.
- La construction résidentielle en bois représente un peu plus de 2100 maisons en 2020.
- Bien que le nombre total de constructions en bois n’ait pas fondamentalement diminué, la part de la construction bois est passée de 11% en 2018 à 8% en 2020.
- Le système constructif de l’ossature bois reste très largement majoritaire mais perd un peu de terrain au profit du développement du panneau CLT.
- La progression du CLT est inversement proportionnelle à celle du bois massif empilé.
- La construction non résidentielle en bois, principalement l’apanage des entreprises wallonnes, a quelque peu ralenti ces deux dernières années mais reste un moteur intéressant de développement de la construction en bois.
- Le secteur belge de la construction en bois emploie près de 1500 salariés.
Les entreprises de constructions en bois
La tendance du nombre d’entreprises de construction en bois reste haussière tant au niveau belge qu’au niveau régional. En 2020, le nombre total d’entreprises n’a d’ailleurs jamais été aussi important depuis 2011.
Nombre d’entreprises de constructions en bois (nouvelles constructions résidentielles et non résidentielles et RES) et tendances linéaires.
En 2019-2020, 2/3 des entreprises de construction bois ont leur siège social basé en Wallonie, l’autre tiers étant basé en Flandre. Ce déséquilibre ne signifie pas que la construction en bois soit plus développée en Wallonie. Elle y est simplement structurée autrement qu’en Flandre (voir ci-dessous).
La taille des entreprises
La taille des entreprises reste très limitée, avec près de 60 % de très petites entreprises réalisant moins de 10 bâtiments par an. À peine 15 % des entreprises réalisent plus de 50 constructions par an ; elles représentent, à elles seules, un peu plus de 60 % du marché belge de la construction résidentielle en bois.
Nombre d’entreprises en fonction du nombre de nouvelles constructions résidentielles en bois qu’elles réalisent annuellement – chiffres 2020.
Par rapport aux années précédentes, il est intéressant de constater que la distribution des entreprises dans les catégories supérieures à 50 est plus étalée. La proportion de ces mêmes entreprises était de 10 % lors des enquêtes précédentes, elle est passée à 15 %. En moyenne, la taille des entreprises tend donc à s’accroître, ce qui s’accompagne nécessairement d’une intensification de l’activité de construction au détriment d’autres activités et d’une préfabrication accrue.
Si la situation était ainsi figée, on devrait voir progressivement une diminution du nombre de très petites entreprises de construction en bois. Ce n’est pas le cas, bien au contraire. Ce constat vient sans doute d’une partie des plus petites entreprises qui décident d’augmenter fortement leur production en réalisant plus de 10 bâtiments par an et ainsi augmenter leur compétitivité. Mais d’autre part, il est possible que, face à un engouement général pour la valorisation des produits biosourcés dans la construction, de plus en plus d’entreprises décident de s’engager sur ce marché. Le nombre de nouvelles entreprises de petite taille compense voire dépasse celui des entreprises augmentant leur production annuelle. L’augmentation belge (surtout wallonne) du nombre d’entreprises l’atteste. Les nouvelles entreprises de construction en bois débutent sans doute leur activité avec une production relativement restreinte, le temps de jauger les capacités du marché ou de s’y familiariser.
Nombre de nouvelles constructions en bois
Bien que la tendance nationale soit toujours haussière, un certain tassement de la construction en bois en 2020 se fait sentir.
Nombre de bâtiments résidentiels (exportations non déduites) réalisés par les entreprises, par région et au niveau national.
La raison de cet affaiblissement de la croissance est certainement multiple. Plusieurs hypothèses peuvent être formulées :
- Tout d’abord, une hypothèse structurelle. La dimension des entreprises : les firmes de petite taille pourraient subir une concurrence importante et croissante des firmes les plus développées sur le marché et, progressivement, être obligées de réduire encore leur production. Il manque toutefois d’éléments pour vérifier cette hypothèse.
- Ensuite, une hypothèse conjoncturelle. Il se peut que les entreprises aient dû subir un ralentissement de leurs activités qui peut être lié à une diminution des commandes, une raréfaction de certaines matières premières, etc. Mais une des causes principales est certainement l’impact de la Covid-19. En effet, même si le secteur de la construction a pu, de manière générale, poursuivre ses activités malgré un ralentissement net entre mars et juin 2020, son personnel a pu, tout au long de l’année 2020, avoir été victime du virus, ce qui engendre des difficultés d’organisation de production et de chantier. L’approvisionnement en matériaux issus de commerces dits « non essentiels » fut également plus compliqué. La conjonction de ces facteurs a certainement contribué, en tous cas en 2020, au ralentissement de l’activité de construction en bois.
Cette tendance nationale cache des différences régionales. En effet, les entreprises wallonnes stabilisent voire augmentent légèrement le nombre de nouvelles maisons en bois tant en 2019 qu’en 2020 par rapport à 2017 et 2018. Cependant, depuis les premières années de l’enquête, la tendance wallonne est légèrement à la baisse. Cette diminution trouve sans doute son explication dans le contexte suivant : la structure des entreprises wallonnes est composée principalement de très petites sociétés de type menuiseries qui, parmi leurs activités, font de la construction en bois. À côté de celles-ci, on retrouve un nombre restreint d’entreprises de taille importante pour lesquelles l’activité constructive est unique. Ces dernières sont nécessairement plus concurrentielles et, inévitablement, exercent sans doute une forte pression sur les prix qui ne peuvent être pratiqués par les plus petites structures. La catégorie des entreprises réalisant moins de 10 maisons par an comptabilise dès lors un nombre de bâtiments globalement plus faible et sans doute que, dans un même temps, elle accueille de nouvelles entreprises qui souhaitent prudemment se lancer dans le marché de la construction en bois.
La figure ci-dessous exprime d’une autre manière cette différence régionale. Il s’agit du nombre annuel moyen de nouvelles constructions par entreprise. Les deux régions, depuis 2011 montrent une tendance à la baisse.
Nombre annuel moyen de nouvelles constructions par entreprise.
Cependant, le nombre annuel de nouvelles constructions par entreprises reste largement supérieur (de l’ordre de 2,5 fois plus important) en Flandre par rapport à la Wallonie. Cette différence est le reflet de la différence de taille des entreprises de construction bois.
Les entreprises flamandes sont de taille plus importante et la construction bois y est le plus souvent l’unique activité. La construction selon la formule du « clé sur porte» y est plus systématique et le mode de fabrication associé plus stéréotypé. La tendance décroissante du nombre de constructions en Flandre provient majoritairement de l’activité fluctuante d’une seule grosse entreprise, et plus précisément de ses exportations, très réduites ces deux dernières années.
En Wallonie, la diminution du nombre annuel de constructions par entreprise provient de l’augmentation importante du nombre de nouvelles entreprises construisant en bois mais dont l’activité reste limitée.
Cette tendance plus nette à la baisse dans les deux régions est nouvelle ces deux dernières années. Mais ces fluctuations bisannuelles sont tributaires de la spécificité du secteur de la construction bois : peu d’entreprises de construction en bois par rapport à l’ensemble du secteur de la construction, un nombre réduit d’entreprises construisant un grand nombre de bâtiments. Dès lors, la moindre variation du nombre de réalisations d’une grosse entreprise peut influencer les statistiques de l’ensemble du secteur de la construction en bois.
La construction neuve
Les chiffres de constructions en bois d’une année ont été comparés avec les permis de bâtir autorisés pour un bâtiment résidentiel avec un seul logement de l’année précédente. Il a donc été estimé qu’une période d’un an est nécessaire entre l’octroi du permis et l’achèvement complet du bâtiment.
Le tableau ci-dessous reprend le nombre de permis de bâtir autorisés pour un bâtiment résidentiel avec un seul logement, quel que soit le matériau de structure utilisé. La division du nombre de maisons en bois construites en Belgique par le nombre de permis tout matériau confondu donne, en pourcentage, la part de marché de la construction en bois.
Nombre de permis de bâtir, pour le logement résidentiel, pour les constructions neuves et part des constructions neuves en bois par rapport aux permis de bâtir octroyés.
Le tableau ci-dessus et la figure ci-dessous montrent une nette diminution de la part des maisons en bois en 2019 et 2020 par rapport aux années précédentes. Cette diminution peut difficilement être attribuée aux conséquences de la crise sanitaire car il y a peu de raisons de penser que le secteur du bois eût été plus affecté que celui de la construction en général. Cependant, on constate une nette augmentation du nombre de permis de bâtir en 2018 et 2019 (chiffres à mettre en correspondance avec ceux de 2019 et 2020 dans le tableau) par rapport aux trois années précédentes (2015-2017 à mettre en correspondance avec les années 2016-2018 du tableau). Cette augmentation de près de 5000 unités provient très vraisemblablement de l’imposition de règles plus sévères pour les performances énergétiques des bâtiments en Flandre à partir du 1er janvier 2021. De ce fait, les architectes se sont empressés d’introduire des demandes de permis de bâtir pour des bâtiments pouvant encore répondre aux anciennes normes PEB. Les chiffres de nombre de permis de bâtir introduit après le 1/1/2021, s’ils diminuent, confirmeraient cette hypothèse.
Évolution du nombre de permis de bâtir octroyés (ordonnées de gauche) en fonction de l’année et du nombre de maisons en bois, exportations déduites (ordonnées de droite)
La rénovation, l’extension et la surélévation (RES)
La part de marché des RES est assez fluctuante.
Nombre de permis de bâtir pour les RES et par de RES en bois par rapport aux permis de rénovation octroyés.
Malgré le fléchissement observé ces deux dernières années en RES en bois, la tendance reste à la hausse sur les 10 années.
Nombre de permis de bâtir, par année, en RES tous systèmes confondus (ordonnées de gauche), nombre de RES en bois (ordonnées de droite), par année et tendances linéaires.
Les systèmes constructifs
La part de chaque système constructif évolue de manière sensible. On constate une diminution nette des systèmes bois massifs et poteaux-poutres au profit du CLT (collé et cloué) qui atteint presque 16 % de part des systèmes constructifs résidentiels ! Ce dernier prend, en partie, des parts de marché à l’ossature en bois qui passe, en 2020, sous les 80 % des systèmes constructifs en bois.
Part de chacun des systèmes constructifs parmi les systèmes constructifs en bois en nouvelles constructions.
Cette tendance ne se manifeste pas du tout en ce qui concerne les RES. La part du système ossature bois est de plus en plus importante au détriment du poteau-poutre principalement et, dans une moindre mesure, du bois massif. La part du CLT en RES reste extrêmement faible.
Part de chacun des systèmes constructifs parmi les systèmes constructifs en bois en RES.
Il est normal que l’évolution du CLT en RES ne suive pas celle de l’habitat résidentiel neuf. Il s’agit d’un système plus lourd et moins adaptable à l’existant.
La construction non résidentielle
Le nombre d’entreprises réalisant des bâtiments non résidentiels semble stagner ces 4 dernières années. Il tourne autour de 50. On observe un net ralentissement du nombre de bâtiments et des surfaces de murs réalisées en 2020. La crise sanitaire a certainement un impact non négligeable sur ce secteur de la construction en bois.
Évolution du nombre d’entreprises de construction de bâtiments non résidentiels, du nombre de bâtiments non résidentiels, de la surface de murs de ces bâtiments et exportation
Emploi dans le secteur de la construction bois
L’emploi dans le secteur de la construction en bois ne cesse de croître. Cependant, la situation sanitaire a été particulièrement perturbante pour le secteur. Elle l’a paralysé dans un premier temps, puis l’a dopé pour le handicaper de nouveau par une flambée des prix des matériaux. Il est donc actuellement difficile de dire si la tendance à la hausse de l’emploi sera confirmée.
Évolution du nombre de salarié(e)s au sein des entreprises de construction en bois.
Détails et informations complémentaires
Tous les détails et des informations complémentaires sont disponibles à l’adresse suivante : https://www.houtinfobois.be/nouveau-etat-de-la-construction-bois-en-bel…